La crise sanitaire a provoqué une explosion des taux de fret maritime mondiaux. Dans quel contexte parle-t-on de taux de fret et comment est-il défini ? Se dirige-t-on vers une accalmie pour les années à venir et quelle solution adopter pour faire face à cette hausse des coûts de transport maritime ?
Qu’est-ce que le taux de fret maritime ?
Par définition, le taux de fret maritime représente le prix du transport de marchandises qui s’effectue par voie maritime d’un point A vers un point B. Le taux de fret maritime est fortement variable car soumis à de nombreux facteurs :
- Le type de cargaison.
- Le volume de marchandises transportées.
- La nature des marchandises.
- Les risques encourus sur l’itinéraire du navire.
- Le temps de trajet.
Taux de fret maritime : comment le déterminer ?
Afin de définir précisément sa taxe de transport maritime, le transporteur procède au calcul du slot. Sur un porte-conteneur, le slot représente le tarif pour l’emplacement d’un conteneur de 20 pieds. Le transporteur tient alors compte de deux données :
- Des frais inhérents au bon fonctionnement du navire : frais d’équipage, montant du capital du navire, coût des assurances souscrites, coût du combustible.
- Des frais qui incombent au trajet du navire : coûts de passage dans les canaux, frais de passage dans les différents ports.
Le taux de fret maritime englobe également ce qu’on appelle les Liner terms ou encore les conditions de transport maritime sur une ligne régulière, soit les frais de manutention portuaire.
À savoir : certaines opérations de manutention portuaire ne sont pas comprises dans les Liner terms et donc dans le calcul du taux de fret maritime. L’amateur fixe alors lui-même des coûts de surcharges portuaires au chargeur.
Taux de fret maritime : BAF & CAF
L’appellation BAF signifie Bunker Adjustment Factor. Le BAF représente le coût supplémentaire directement lié aux variations du cours du pétrole brut.
Le CAF ou Currency Adjustment Factor est associé aux variations du cours du dollar. Grâce au CAF, surcharge tarifaire, les compagnies maritimes se prémunissent contre les risques en lien avec la mobilité permanente des taux de change.
Taux de fret maritime et THC
La surcharge tarifaire THC ou Terminal Handling Charge englobe les frais de manutention portuaire qui sont appliqués dans le port de chargement et le port de déchargement. Le THC est variable dans le cas d’un fret conventionnel et est soumis à une surtaxe lorsque le poids ou la taille de la cargaison sont excessifs. Il s’exprime par tonne.
À savoir : le taux du THC reste fixe pour le transport des conteneurs.
Taux de fret maritime et ORC
La surtaxe ORC (Origin Receipt Charge) ajoutée pour le calcul du taux de fret maritime est exigée au départ des ports en Chine. L’ORC participe au financement du développement exponentiel des ports asiatiques.
Taux de fret maritime et Port Congestion
Dans des circonstances de congestion des ports, les navires sont tributaires de l’attente et du délai de déchargement de leur cargaison. Cette pause involontaire représente un coût pour les compagnies maritimes. En vue de compenser une perte de revenus, les compagnies maritimes appliquent une surtaxe appelée Port Congestion.
Quelle est l’évolution du taux de fret maritime ?
Les confinements associés à la crise sanitaire de la Covid-19 survenue au début de l’année 2020 ont engendré des retards importants sur les temps de trajet des navires. Il s’en est suivi une forte hausse de la congestion portuaire contraignant les navires à attendre plusieurs jours voire semaines avant de pouvoir effectuer leurs opérations de déchargement et de chargement.
L’augmentation des délais de livraison depuis 2020 a entraîné une hausse des taux de fret maritime. Viennent se greffer à la crise sanitaire, le conflit entre la Russie et l’Ukraine ainsi que les blocages du port de Shanghai.
En novembre 2020, le taux de fret maritime d’un conteneur de 20 pieds (6 mètres de long) entre Shanghai et Rotterdam s’élevait à 1 600 euros. En 2021, lors du redémarrage de l’économie, le manque de navires disponibles pour faire face à la demande a engendré une explosion des taux de fret maritime. En janvier 2022, le coût s’élevait alors à plus de 7 500 euros pour un même conteneur.
Concernant la ligne régulière des conteneurs, les années 2021 et 2022 ont essuyé de très fortes hausses des prix du fret. Les prévisions pour les années 2023 et 2024 changent la donne avec une chute des coûts de 80 % envisagée, due à l’écart entre l’offre et la demande.
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Taux de fret maritime : état des lieux en 2022 ?
Le prix du transport d’un conteneur entre la Chine et l’international a nettement diminué en 2022. Pour un conteneur de 20 pieds, l’indice SCFI (Shanghai Containerized Freight Index) est tombé à 1 814 euros en octobre 2022. Quels sont les facteurs ayant influencé cette baisse du taux de fret maritime ?
- L’inflation grandissante.
- La crise énergétique mondiale.
- La forte baisse enregistrée de demande de biens manufacturés.
- La remontée du dollar par rapport aux autres devises.
- Les conséquences du conflit en Ukraine.
- La nouvelle hausse des taux d’intérêt.
- Le surstockage effectué par les distributeurs américains par peur de la pandémie en Chine.
À savoir : cette tendance de l’évolution des taux de fret maritime à la baisse est similaire dans la zone méditerranéenne. Le taux de fret maritime d’un conteneur de 40 pieds en Turquie est passé de 4 000 euros pendant la crise sanitaire à 1 000 euros aujourd’hui.
Les solutions pour le transport de marchandises en Méditerranée
Afin de faire face à une évolution à la hausse des taux de fret maritime, les affréteurs ont tout intérêt à souscrire des contrats à long terme (sur 2 à 3 ans plutôt que quelques mois) auprès des armateurs. À la différence des contrats d’affrètement spot (affrètement ponctuel ou court terme), ces contrats fixes permettent une meilleure gestion des tarifs d’expédition. La différence de coût entre le spot et le long terme reste très importante.
À ce jour, le taux de fret maritime pour un chargeur ayant conclu un contrat long terme représente 18 % de la valeur de sa marchandise stockée dans un conteneur (contre 5 % avant Covid-19). Alors qu’un chargeur sur le marché du spot se voit infligé un fret égal à 62 % de la valeur de sa cargaison pour ce même conteneur (7 % avant la pandémie).
Les petits chargeurs ayant le plus souvent recours au marché du spot pour des raisons financières subissent une perte nette de 10 000 euros pour un transport d’une valeur de 25 000 euros. A contrario, les gros chargeurs ayant contracté un contrat long terme ne supportent que l’absence de bénéfices. La souscription à des contrats d’affrètement long terme demeure la meilleure solution pour contrer et supporter l’évolution du taux de fret maritime.