Le transport maritime est caractérisé par la circulation mondiale de plus de 80 % des matières premières et des marchandises. L’impact du Covid dans le transport maritime a eu l’effet d’une bombe en raison du ralentissement de l’économie mondiale et des nombreuses mesures de confinement prises par les pays.
L’évolution du transport maritime
Durant le premier trimestre 2020, l’origine asiatique de la crise sanitaire entraîne un effet boule de neige et des répercussions importantes en Europe et aux États-Unis. La baisse des volumes de production de marchandises et de services subit un effondrement et induit une chute historique du commerce mondial.
Les transporteurs de conteneurs appliquent une réduction d’au moins 30 % de leurs liaisons ce qui engendre l’arrêt d’un nombre élevé de porte-conteneurs dans les grands ports maritimes. La forte réduction de l’offre de conteneurs conduit les entreprises à stabiliser les tarifs de ces derniers.
La relance économique
Au cours du troisième trimestre 2020, les différents plans de relance massifs des européens et des américains favorisent un rebond conséquent de la demande économique mondiale. Pendant le confinement, les ménages ont tendance à beaucoup épargner. Le télétravail connaît un véritable essor. Ces deux facteurs mènent à une évolution spectaculaire du commerce électronique avec de nombreuses commandes de produits et de marchandises en provenance d’Asie. En parallèle, les entreprises réapprovisionnent leurs stocks pour anticiper la reprise économique.
Le recul des transporteurs maritimes
A contrario, la reprise s’annonce très timide chez les transporteurs qui relancent très progressivement leurs trajets maritimes. En découle une pénurie de porte-conteneurs et de conteneurs et une forte hausse de leurs tarifs (environ 5 000 dollars pour un conteneur de 40 pieds). C’est le marché du spot (demande ponctuelle de transport maritime) qui subit de plein fouet cette flambée des prix. La pénurie d’acier et d’aluminium affaiblit également considérablement la fabrication de conteneurs par la Chine.
Une forte congestion portuaire
Alors que l’Europe et les États-Unis subissent encore des mesures de confinement, l’économie chinoise reprend. Cette reprise décalée de l’exportation chinoise conditionne une congestion portuaire considérable. Les ports européens et américains connaissent alors une pénurie élevée en main-d’œuvre.
L’impact du Covid sur le transport maritime en Méditerranée
L’impact du Covid sur le transport maritime se fait remarquer de plusieurs manières :
- Des perturbations dues aux différentes mesures de confinement.
- Une forte réduction de l’activité de production mondiale.
- Des mesures sanitaires, prises au niveau des transports maritimes.
- La hausse des prix du fret maritime des conteneurs.
En Méditerranée occidentale, l’année 2020 marque une baisse de 25,7 % des flux maritimes entre les deux rives de la mer Méditerranée par rapport à l’année 2019 : Portugal, Espagne, France, Malte, Italie du côté européen et Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie pour le côté Maghreb.
La crise du Covid impacte tous les types de marchandises (marchandises générales, fret RO-RO, vracs solide et liquide) en Méditerranée, et surtout le secteur du vrac liquide qui connaît une évolution constante depuis 2017. Les flux de conteneurs entre l’Espagne et le Maroc et l’Algérie se consolident. Les flux de RO-RO et autres marchandises générales se renforcent également entre l’Espagne et le Maroc. Les baisses les plus significatives sont observées au niveau des ports italiens.
La hausse des prix du fret maritime
L’impact du Covid dans le transport maritime a surtout eu un effet sur les taux de fret des marchandises à destination des pays en développement. Début 2021, les taux de fret se montrent plus élevés pour des trajets partant de la Chine vers l’Amérique du Sud et l’Afrique de l’Ouest. Pour preuve, les taux de fret de la Chine à destination de l’Amérique du Sud ont bondi de + 443 % contre 63 % entre l’Asie et la côte est de l’Amérique du Nord.
Deux raisons expliquent cette hausse exponentielle :
- Les lignes maritimes entre la Chine et l’Amérique du Sud et l’Afrique de l’Ouest sont plus longues. Ces trajets exigent un nombre plus important de porte-conteneurs (et donc un nombre conséquent de conteneurs occupés).
- Le manque de marchandises pour le retour des conteneurs en Asie. L’Amérique du Sud et l’Afrique de l’Ouest sont des continents moins exportateurs de biens manufacturés qu’ils ne sont importateurs. Le retour d’un conteneur à vide est très coûteux pour un transporteur.
Pénuries dans le transport maritime : comment l’éviter ?
Suite à une modification notoire du comportement des consommateurs pendant la crise du Covid, la demande de conteneurs a fortement augmenté. La CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement) met en exergue trois points fondamentaux pour anticiper une potentielle pénurie de conteneurs dans le transport maritime à l’avenir :
- L’amélioration des réformes visant à faciliter les échanges commerciaux mondiaux en rendant le commerce plus simple et moins coûteux.
- L’amélioration du suivi du commerce et l’analyse pointue de ses prévisions : encourager la transparence et la collaboration du début à la fin des échanges, améliorer le suivi lors des escales des navires et leurs horaires.
- Le renforcement des autorités en charge de la concurrence : développer des enquêtes sur d’éventuelles pratiques douteuses et abusives dans le transport maritime.
Certes, l’impact du Covid dans le transport maritime est à l’origine d’une grande partie de la pénurie de conteneurs que nous avons pu observer. Néanmoins, sans une surveillance accrue, certains transporteurs peuvent avoir cherché à ralentir le repositionnement de leurs conteneurs pour des raisons pécuniaires évidentes.