Le secteur du transport maritime se rend responsable d’environ 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La décarbonation dans le transport maritime est devenue un enjeu majeur pour réduire l’impact carbone des navires et contribuer à la préservation de l’environnement. Qu’entend-on par décarbonation ou décarbonisation du transport maritime ? Comment cette décarbonation s’opère-t-elle sur les navires actuellement en construction et pour les navires existants ? La transition énergétique dans le transport maritime est enclenchée et doit se poursuivre rapidement.

Qu’est-ce que la décarbonation dans le transport maritime ?

En novembre 2020, l’OMI (organisation maritime internationale) s’engage à prendre des décisions primordiales en rapport avec la réduction des émissions de dioxyde de carbone concernant la flotte maritime internationale. Mais que représente cette notion de décarbonation pour les navires maritimes ?

Dans le domaine du transport maritime, la décarbonation des navires vise à limiter considérablement l’empreinte carbone de ces derniers. Atteindre la décarbonation des bateaux passe par une amélioration notable de leur efficacité énergétique.

L’objectif de la décarbonation des navires de transport maritime réside dans la substitution d’une énergie propre aux hydrocarbures. On évoque ainsi l’utilisation de carburants à faible GES comme les biocarburants, le méthanol et potentiellement l’hydrogène. L’emploi de technologies dites vertes est aussi à l’honneur : capture, stockage et utilisation du CO2.

La décarbonation sur les navires neufs

Dorénavant, le principe de décarbonation lors de l’édification des nouveaux navires doit s’appliquer. Ici, c’est l’indice d’efficacité énergétique qui est scruté.

L’indice d’efficacité énergétique

Navire au mouillage

L’EEDI ou Energy Efficienty Design Index est une des mesures les plus importantes prises par l’OMI. Lors de la conception des navires, l’EEDI impose un niveau d’émission de dioxyde de carbone minimal selon le type et la dimension des navires. Cet indice est renforcé : le niveau devient plus exigeant concernant les navires neufs en comparaison de celui des navires commercialisés au début des années 2000.

Le renforcement progressif de ces normes concerne l’année de construction des navires et est entré en vigueur au 1er janvier 2013 :

  • amélioration de 10 % pour les navires construits entre 2015 et 2019 ;
  • amélioration de 15 à 20 % pour les navires élaborés entre 2020 et 2024 (selon le type) ;
  • amélioration de 30 % pour les navires livrés après 2024.

Quel est l’impact sur la construction des futurs navires ?

Aujourd’hui, les normes de construction de porte-conteneurs, de gaziers et cargos polyvalents se doivent de prendre en compte une efficacité énergétique plus performante de 30 % en 2022 (prévue initialement en 2025).

Le renforcement de cette mesure à 50 % pour l’année 2022 concerne les très grands porte-conteneurs neufs.

La décarbonation sur les navires existants

Un dispositif assurant la décarbonation des navires de transport maritime actuels a fait l’objet d’une adoption par l’OMI. Ce procédé comporte deux données remarquables :

L’EEXI

Dès le 1er janvier 2023, tous les types de navires existants devront présenter une certification EEXI (Energy Efficiency Index for Ships In Service) stipulant leur efficacité énergétique ou encore leur coût carbone en fonction de leurs émissions GES.

Cette certification se caractérise par un ensemble de mesures techniques permettant aux armateurs le développement et l’installation de nouveaux équipements sur leurs navires en 2023, dernier délai. Son objectif ? La réduction immédiate de leur intensité et de leur empreinte carbone via :

  • l’installation de limiteurs de puissance ;
  • l’amélioration de l’hydrodynamisme ;
  • la baisse de la consommation électrique ;
  • l’utilisation de biocombustibles ;
  • la mise en avant de systèmes d’assistance de propulsion à la voile.

Classification annuelle des navires

Afin de mener un contrôle efficace sur la décarbonation dans le transport maritime, une classification annuelle des navires sera établie selon les performances énergétiques réelles des navires. Chaque année, chaque navire se verra attribuer un score entre A et E correspondant à son intensité carbone réelle. Les seuils de comparaison seront de plus en plus faibles au fil du temps. Dans quel but ? Atteindre – 40 % sur la totalité de la flotte en 2030.

À savoir : pour obtenir une autorisation de navigation, tous les navires classés D et E devront présenter un plan d’action.

Navire cargo

Vers une transition énergétique dans le transport maritime

Le secteur du transport maritime est contraint d’amorcer rapidement sa transition énergétique. Celle-ci se concrétise par deux actions principales :

  1. La fin des fiouls lourds dans la région Arctique en 2029 : l’OMI a adopté une mesure visant à proscrire de façon progressive entre 2024 et 2029 l’utilisation et le transport à des fins d’utilisation de fioul lourd par les navires dans cette zone sensible.
  2. La création d’un fonds international de recherche et de développement sur les GES débattue à l’OMI : l’alimentation de ce fonds s’effectue grâce à une taxe sur les combustibles marins favorisant l’accélération de la transition énergétique de la flotte maritime mondiale.

Le chemin vers la neutralité carbone est encore long mais les armateurs de chaque pays doivent s’investir dans l’équipement de leurs navires en technologies durables. La décarbonation dans le transport maritime relève d’une action civique et responsable pour la préservation de la planète.